Effets
du désentraînement
Serge
Olivares entraîneur demi-fond et kinésithérapeute
L’arrêt
de l’entraînement, que cela soit pour des vacances, pour des raisons
professionnelles ou à la suite d’une blessure, va avoir des conséquences que
l’entraîneur se doit de connaître.
Prendre
en compte ces modifications permettra d’éviter la blessure ou la
récidive.
Tout
d’abord il faut préciser, même si cela peut paraître être une évidence, que la reprise après blessure ne peut se
faire que si celle ci est guérie. Chaque élément (muscle, ligament, os…) aura un
délai de guérison propre qu’il faudra respecter. De 5 jours à 2 mois pour une
lésion musculaire, nous pourrons monter jusqu'à 9 mois ou un an pour un ligament
ou un os. Vouloir gagner du temps est souvent la meilleure façon d’en perdre. La
collaboration avec l’équipe médicale est donc essentielle.
Les
effets du désentraînement vont être divers et toucher
plusieurs systèmes.
Le
système cardio-vasculaire et respiratoire :
On
va constater une baisse rapide (en 10 à 14 jours) de
Le
rythme cardiaque va augmenter au repos et lors des efforts sous maximaux, mais
ceci ne compensera pas la baisse de volume sanguin, le débit baissera
donc.
Parallèlement
la pression sanguine et les résistances périphériques vont
augmenter.
Sur
le plan respiratoire, on notera aussi une diminution de la ventilation
maximale.
Changements
métaboliques
:
Là
aussi nous noterons des modifications. Nous aurons une moins bonne utilisation
du glucose, et une baisse des réserves intra-musculaires, ceci va donc perturber l'efficacité de la
reprise.
Nous
aurons aussi une facilitation du stockage des graisses. La masse grasse va
augmenter même si le poids reste constant.
Changements
musculaires
:
La
répartition des fibres lentes et rapides ne va pas changer si l'arrêt est de
courte durée (3 semaines), par contre si l'arrêt se prolonge (2 à 3 mois) on
observera une augmentation du pourcentage des fibres à métabolisme aérobie chez
les athlètes de vitesse et de force (due à une diminution des fibres rapides),
chez les athlètes d'endurance on observe une augmentation du pourcentage des
fibres FTb (fibres rapides et fatigables avec surtout
un métabolisme anaérobique) et une diminution des fibres FTa (rapides et résistantes à la fatigue fonctionnant soit
sur le mode aérobie soit sur le mode anaérobie). Globalement tout se passe comme
si le désentrainement provoquait une remise à zéro des
adaptations spécifiques à l'effort.
Concernant
la taille des muscles, chez les athlètes à dominante force/vitesse nous aurons
une diminution de la taille des fibres, mais peu de changements chez les
sportifs plutôt endurants.
La
différence artério-veineuse de concentration d'oxygène
ne va pas changer sur les 3 premières semaines, ensuite cette différence va
diminuer, contribuant à la baisse de VO2 max.
Sur
le plan enzymatique, nous aurons une diminution des activités des enzymes
oxydatives, ainsi que de la production d'ATP par les
mitochondries. Tout ceci va contribuer à une diminution des qualités physiques
que cela soit dans les sports d'endurance avec une baisse rapide ou dans les
sports de force vitesse avec un déclin plus lent (4 semaines), avec néanmoins
une désadaptation lorsqu'il s'agit de travail excentrique ou de force spécifique
à l'activité.
De
plus il faut rajouter, que lors d'un retour de blessure, ces phénomènes vont
être majorés pour les muscles ou les articulations lésés.
Comment
limiter les effets du désentrainement
:
Afin
de gagner du temps sur la reprise de l'entraînement, de nombreux chercheurs
et entraîneurs ont étudié les modalités du
maintien de l'état de forme physique. Deux protocoles se dégagent, l'entraînement réduit et l'entraînement croisé (à
partir d'activités différentes de celles pratiquées habituellement par le
sujet)
La
réduction de l'entraînement se fera en préservant l'intensité, le volume pouvant
être réduit de 60%, par contre la fréquence de l'entraînement ne peut être
réduite que 20 à 30%.
L'entraînement
croisé, consistera à maintenir une activité alternative, ayant peu de
contraintes sur la région lésée en cas de blessure. Il sera aussi utilisé
lorsqu'on voudra éviter la monotonie sans voir baisser le niveau de forme,
notamment lors des vacances. On utilisera donc l'aqua-jogging, la natation, le vélo, un sport collectif ou
autre. Le choix se faisant en tenant compte des impératifs liés à la blessure,
des contraintes de l'activité, des goûts du sportif...
Pour
en savoir plus :
I.Mujika et S. Padilla, Physiological and
performance consequences of training cessation in athletes: detraining, 117,